1944- Un événement ressenti par les sens
Le monde était sans dessus dessous et grondait de partout. Cet hiver-là était très dur, très froid. C’était la guerre et mon père était prisonnier en Allemagne.
Nous étions en Dordogne, plutôt en Périgord. J’avais environ huit ans et nous étions chez mes grands-parents dans un lieu perdu que les gens d’ici appelle « la Double ». J’allais à l’école communale. Il fallait juste traverser la route et la cour de récréation. La petite école était un terrain propice pour développer la vie d’un jeune garçon. Le patois qu’on appelle aujourd’hui « occitan » était de mise entre tous à la récréation. Cependant, durant les cours il était impérativement interdit et sanctionné par la baguette du maître qui nous tombait dessus sans autre avertissement.
À la maison, réunis pour le repas du soir, il y avait la traditionnelle soupe avec les fines tranches de pain taillées par mon grand-père dans la tourte du boulanger du village. C’était incontournable. Mais un soir, mon grand-père me voyant comme à l’habitude faire la grimace, me suggéra de faire avec lui chabrol (ou chabrot). Malgré la désapprobation des mes aînées, mère et grand-mère, il versa une cuillère à soupe du bon vin de ses vignes dans le restant de bouillon qui me regardait malicieusement au fond de mon assiette.
— Allez, goûte, bois directement dans l’assiette !
Flatté par cette proposition qui me propulsait au rang de grande personne, il fallut bien que je m’exécute. Le magma violacé qui stagnait au fond de mon assiette ne m’inspirait pas trop confiance. Mais, puisque j’étais devenu « grand » je dus m’exécuter. Franchir d’abord l’odeur encore chaude de ce mélange âcre qui approchait de les narines était une découverte olfactive, la première porte à ouvrir. Lentement le breuvage insolite prit contact avec mes mes lèvres puis les premiers filets de ce liquide atteignirent mon palais puis ma gorge. Tous mes sens étaient en alerte violacée. Ce goût nouveau devenait une attaque en règle je mes jeunes papilles. J’avalais. Mon grand-père attentif lisait dans mon regard les effets visibles de la rencontre du chabrol et de mon jeune palais.
— Alors, c’est bon ? Me demanda-t-il en patois, l’œil brillant.
— Oui, lui répondis-je pour ne pas le froisser, mais je n’aime pas beaucoup.
Les voix unies de ma mère et de ma grand-mère s’élevèrent pour contester cette inutile expérience.
Aujourd’hui, lorsque l’occasion se présente, il m’est plaisant de retrouver ce goût inimitable qui avait fait frémir tous mes sens d’enfant.
18 novembre 2019
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