Histoire de Dieu
Léon ! Léon ! Léon !
Je sors des brumes du sommeil.
Léon ! Léon ! Léon !
Le paon, de mon enfance est de retour. Ce joli paon à qui je rendais visite le mercredi avec ma grand-mère dans le parc municipal et qui faisait la roue en criant : Léon ! Léon ! Léon !
Léon ! Léon !
Je me réveille réellement et ce n’est pas le paon. C’est mon voisin Noël qui rappelle son chien, un beagle affublé de l’anagramme de son maître. Enfin son maître si on veut, parce que Léon n’en fait qu’à sa tête.
Une jolie tête de Beagle. Comment pourriez-vous éduquer un Anglais aujourd’hui, depuis qu’ils ont élu un caniche à la tête du pays. Même le père du caniche a demandé (véridique) la nationalité française. Mais là aussi, il faut être anglais pour demander la nationalité d’un pays dirigé par un autre caniche. N’est pas beagle qui veut avec sa belle gueule.
Noël, c’est un des voisins. Noël, c’est l’homme qui sait tout faire mais vraiment tout. Comme, par exemple mettre le feu à la toiture de notre maison, il y a trois jours.
Nous venions de brûler avec Fifi Bien, mon voisin (c’est son nom il s’appelle avec bonheur, Bien) 15 m3 de thuyas d’une haie que nous avions coupée, feu qui a duré cinq jours car nous prenions toutes les précautions nécessaires pour qu’il n’y ait aucun débordement… et Noël, l’homme qui sait tout faire est arrivé : J’ai un peu de bois à brûler, c’est possible d’utiliser votre feu ? Suite à notre acquiescement il est arrivé et a enflammé trois remorques de résineux avec des flammes de quatre mètres de haut qui ont déclenché l’embrasement de la toiture.
Y a le feu ! Y a le feu ! Aux cris de Noël, j’ai répondu : « y a pas le feu ». Mais si, çà brûlait et Noël l’homme qui sait tout faire a tout de suite appelé Marie non pas pour une supplique ou une prière, Marie c’est sa femme qui travaillait à trente kilomètres de là pour lui raconter en direct, façon BFMTV, la façon dont ses imbéciles de voisins pas assez réactifs ne se remuaient pas assez les fesses pour éteindre l’incendie naissant. Il nous a fallu dix bonnes minutes, sous les harangues insultantes pour venir à bout de ce début d’incendie. Tout en vaquant à l’extinction du feu, je réfléchissais à ce que je devais sauver en cas de débordement et heureusement, je n’ai pas eu à choisir entre tous ces merveilleux livres qui hantent ma bibliothèque. C’est bien évidemment à eux que je pensais en premier. Je vais préparer pour une autre fois la liste prioritaire des livres à sauver au cas où Noël…
Noël : « on a eu chaud, on est arrivés à l’éteindre cet incendie, je rappelle ma femme, vous ne vous êtes pas trop dépêchés, ça aurait pu être pire ». Pas pour lui qui habite une maison à cent mètres de là.
Noël, je vous disais, c’est l’homme qui sait tout faire, à condition que ce soit fait par les autres. Je le revoie encore hier, en train de m’expliquer comment il fallait tenir la scie, ou alors quelle pièce je devais changer à ma voiture qui faisait un drôle de bruit, ou bien encore comment il fallait aiguiser la lame du couteau qu’il venait de me prêter, ébréché.
Noël, l’homme qui mime ce qu’il sait tout faire.
Il a même fait de la « zonzon » dit-il avec son accent parisien. On ne saura jamais pourquoi, mais comme c’est l’homme qui sait tout faire, il a fallu qu’il fasse ça aussi.
L’autre jour il m’a proposé de me donner un bananier. Je me suis rendu chez lui et il m’a donné… la bêche en me disant : « tu prends celui que tu veux mais ces deux là, tu les déterres pour moi. » Il est généreux, Noël, un vrai petit papa. Pour me remercier, il m’a offert un café que j’ai accepté. Et il a aussitôt
hurlé : « Marie, prépares nous deux cafés ! » Marie, c’est la « maman » de Léon, c’est elle qui le câline, lui donne à manger, le promène, nettoie ses déjections, c’est aussi la maman de Jésus mais cela c’est une autre histoire. Une histoire où Dieu s’appelle Noël.
Jean-François Molinié