Les chasse d'eau d'antan
Sliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisch
bodobodobodoschlopp...
gloup gloup gloup !
Haut perché, sous le vasistas, en fonte, agrémenté de figures en faux bas-relief, qu'il avait fière allure ce réservoir d'entre dix et quinze litres d'eau, juché à deux mille millimètres d'altitude ! Le prolongeait, un tuyau en plomb qui débouchait dans une plus ou moins vaste cuvette en porcelaine. Et pour l'esthétique, une lunette et un abattant en noble bois. Tiens, ça me rappelle...
« … Et sur l'autel fumant posez pour chapiteau
Ce couvercle arrondi dont l'austère jointure
Aux parfums indiscrets servira de tombeau. »
George Sand
Et puis, rien n'arrêtant le progrès, le réservoir est passé de fonte en acier, le tuyau de descente, de plomb en acier. Et comble d’infortune, tous deux, d’acier en plastique. Enfin on a descendu le réservoir et on l’a installé derrière la cuvette dont la porcelaine a, Dieu merci, résisté au modernisme iconoclaste, non sans mettre ledit réservoir au régime : six litres suffiront désormais à chasser ce que nous savons. Mais alors, oyez un peu :
Tchééééééééééééé
fuschiuuuuu
gloup !
Un peu courte la musique. Autant la vieille chasse m'évoquait, de façon prosaïque certes, une fugue de sortie d'orgues après la Grand Messe, autant la chasse moderne sonne poussive et banale. Des gammes pour débutant, en somme. À cet épanchement j’ajouterai une modeste larme.
Mais où sont les chasses d’eau d'antan ?
Huguette Restéchévou
Dominique Dubois
Dominique Dubois