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Sujet : un événement inhabituel. Décrivez
C 'est une journée comme tant d'autres, sans remous.
Il fait beau mais pas trop chaud. Le travail se fait de lui-même, sans heurts, sans anicroches. La matinée va se finir sans encombres, probablement vers 14 heures. Retour au cabinet. Une tonne de papiers ou autres doléances à régler, le planning à réorganiser en fonction des modifications. La routine…
Discussion avec le binôme. Échange d'informations sur les patients, d'anecdotes croustillantes…
Mais il faut manger car la fin de journée est chargée. Organiser l'intégration de deux nouveaux patients prend du temps : présentation du cabinet, explication du déroulement du traitement, tri et rangement du matériel reçu via un prestataire, et puis, répondre aux innombrables questions d'une personne angoissée qui se trouve brutalement propulsée au statut de « patient », et qui va bénéficier de perfusions d'antibiotiques au domicile, transformé en annexe de l’hôpital, pendant 3 semaines, alors que celui-ci pensait n'avoir qu'une banale infection urinaire.
Ouaip ! Il va falloir manger consistant ! Une salade n'y suffira pas. Mais lorsqu'on a un homme dans son équipe, on peut lui faire confiance pour trouver de quoi résister à l'effondrement des civilisations, la colonisation de la Terre par un peuple extraterrestre, ou même, à la fin du monde. Alors c'est parti. C'est donc lui qui ira à la chasse.
L'estomac s'impatiente et s'exprime bruyamment. L'hypoglycémie guette. Le cerveau fonctionne au ralenti et provoque quelques bâillements. Quand soudain, le carillon du cabinet se fait entendre. Pourvu que ce ne soit pas un égaré qui tente sa chance malgré les horaires d'ouverture affichés en gros...
Une drôle d'odeur. Du gras. Mais un gras peu habituel. Un gras lourd et écœurant. Persistant.
Le repas arrive, dans un immense sac
en papier.
Qu'est-ce donc que cela ?…!
Nous sommes situés dans le quartier chinois.
Le binôme aurait-il succombé à l'appel d'une cuisine étrange jusqu'à présent inexplorée ? Pas son genre. Mise plutôt sur
la sécurité. Aucune curiosité papillaire.
L'odeur devient entêtante, lourde, visqueuse. L'estomac est rassasié d'un coup. « Non, ça, désolé, c'est trop pour moi ». Mais la tête est irrémédiablement attirée vers les petites boites en carton qui sortent une à une du grand sac en papier, suivies de deux cornets de frites, accompagnement incontournable de la « restauration » rapide.
« Comme tu es très bio, légumes, et compagnie, je t'ai pris celui avec des tomates et de la salade ».
La petite boîte s'ouvre, laissant échapper cette odeur… mais une odeur ! Mélange de graillon et de viande avariée. Et pourtant, qui donne envie d'y aller, de croquer à pleines dents dans ce monticule de pain. Les glandes salivent, appel du sucre.
Ça y est ! C'est fait ! Aujourd'hui, j'ai mangé un hamburger !
Stéphanie Marie le 17 février 2020